Note d'intention :

   Nous sommes onze acteurs : quatre garçons et sept filles.

  Pour décor, un plateau nu, des porte-manteaux, une table et des tabourets. Pour la musique, des instruments utilisés par les comédiens. Les onze comédiens incarnent des personnages fictifs de tous âges et de toutes mentalités, qui deviennent au fil du récit des moteurs et des instruments narratifs.

  Lebensraum d’Israël Horovitz, a été écrite en 1997. C’est une comédie grinçante dont la structure dramaturgique morcelée apporte de la légèreté. Le tragique se mêle à la comédie, mais rien n’est triste, parce que tout est faux.

   En effet, l’histoire appartient au genre de la politique-fiction : à la suite d’un cauchemar, Rudolph Stroiber, Chancelier allemand, prend la décision d’accueillir en Allemagne six millions de juifs du monde entier, pour réparer la faute commise des années plus tôt. Il leur propose un travail et la citoyenneté allemande. Les Juifs affluent ; les réactions s’enchaînent dans le monde entier.  Les événements sont relayés, voire amplifiés par les médias qui ont leur part dans l’histoire.

   On suit le parcours de la famille Linsky, dont le père Mike, juif américain au chômage depuis trois ans, profite de l’offre pour retrouver du travail en Allemagne ; celui de Gustav Giesling, docker allemand, syndicaliste menant le combat contre ces émigrés qui viennent lui prendre son travail ; celui de Maximillian Zylberstein, rescapé des camps, vivant en Australie, décidant enfin d’assouvir sa vengeance auprès de celle qui avait trahi sa famille en Allemagne pendant la guerre ; et aussi Zev Golem, un activiste israëlien, persuadé que cette annonce n’est faite que pour rassembler les derniers Juifs pour mieux les exterminer. Quant aux enfants de ces personnages, ils apprennent à se connaître dans un esprit de tolérance dégagé de toute cette Histoire lourde à porter.

  Lebensraum est une réflexion sur nos actions dans nos vies et sur leurs répercussions ; une réflexion aussi sur notre regard sur l’Autre. Il s’agit d’explorer, à travers ce spectacle, l’avancée des mentalités et l’impact des décisions prises sur les générations suivantes.

  Cette histoire raconte le destin de nombreux personnages, dont la vie bousculée de maintes manières finit par se ressembler.

    C’est une utopie,  qui, comme toute utopie, a aussi son revers.

   Elle semble nous dire qu’à défaut de revenir sur le passé, on peut au moins simplement en garder la mémoire, l’accepter et avancer avec elle.

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                                                                                     Belkise Ben Romdhane